La psychanalyse face à mon TDAH
Dans cet article, je vous témoigne de mon expérience désastreuse avec la psychanalyse. J'espère mettre en lumière les effets dévastateurs de cette approche tant en terme d'augmentation de la culpabilité que de déconnexion émotionnelle. D'où l'importance de choisir des méthodes thérapeutiques respectant la neuro-atypie.


Il y a deux ans, en plein burn-out, j'ai décidé de consulter une psychologue (et mon niveau d'attention cramé n'a pas détecté la plaque "Psychanalyste" sur sa porte). Je cherchais un soutien, des clés pour comprendre pourquoi je me sentais souvent submergée, coupable et en décalage avec les autres ; pour comprendre pourquoi je m'étais tant investie dans mon boulot, pendant quasiment 10 ans, sans pouvoir m'arrêter avant que mon cerveau et mon corps ne lâchent.
Ce cheminement était censé m'apporter des réponses, mais il a été une expérience particulièrement destructrice et contreproductive.
J'ai évoqué des problèmes de mémoire, une incapacité à réfréner mon implication pour la boîte (même à distance, même en arrêt maladie, même sans nouvelle de mes collègues), et une culpabilité écrasante qui ne me laissaient aucun répit. Dès les premières séances, ces difficultés étaient interprétées comme des "résistances" ou des "actes manqués". Chaque oubli, chaque retard était analysé comme une preuve de conflits inconscients ou d'un refus de progresser.
À aucun moment, on n'a envisagé que mes difficultés puissent avoir une origine neurobiologique. Au lieu de chercher à comprendre mon fonctionnement, on m'a poussée à fouiller mon histoire personnelle à la recherche de traumatismes ou de conflits internes supposés. Toute ma famille a été mise en cause, à commencer par ma mère, qui m'aurait "trop" aimée (a-t-on le droit de reprocher ça à une mère ?!) et qui aurait projeté sur moi une relation incestuelle (🤮).
Mon impulsivité, mes paralysies, ma fatigue, mes pleurs n'étaient finalement que des conséquences logiques d'une dynamique familiale malade ! En presque deux ans de psychanalyse, j'ai eu le temps de détester mes parents, détester plus encore leurs propres parents, (et tout mon arbre généalogique). J'ai fini par me persuader que tout cela était vrai : les interprétations pseudo-scientifico-psychanalytiques sont venues se déposer en lieu et place de mes souvenirs d'enfance. Mes émotions ont totalement disparu m'empêchant de faire face à deux deuils successifs : on remerciera l'activation de la dissociation !
Avec le recul, je réalise que cette approche m'a enfermée dans un cercle vicieux de culpabilisation. Plutôt que de m'aider à identifier des stratégies concrètes pour mieux vivre avec mes symptômes, elle a renforcé mon sentiment d'être inadéquate. Chaque échec était interprété comme la preuve d'un problème profond et irrésolu...
Je suis sortie de la psychanalyse comme on sort d'une secte : méfiante et vide.
Un an et un diagnostic TDAH plus tard (merci à Bertrand Weber de l'avoir détecté et de m'avoir adressée à un neuropsychologue), je pose un regard nouveau sur cette expérience.
La psychanalyse a été non seulement douloureuse, mais également injuste. Plutôt que de m'aider à comprendre mon fonctionnement neurodivergent, cette approche m'a enfermée dans un narratif culpabilisant et conflictuel. J'étais persuadée que mes difficultés étaient dues à des "blocages" émotionnels provoqués par mes parents, alors qu'en réalité, elles étaient simplement les manifestations d'un cerveau atypique.
Je ne critique pas ici la psychanalyse dans son ensemble. Pour certaines personnes, elle peut être un outil précieux. Mais dans mon cas, elle a été inadaptée, car elle n'était pas en mesure de reconnaître que la procrastination n'est pas la manifestation d'un trauma !
Personne ne devrait se sentir coupable de ses symptômes ou être poussé à chercher des explications qui ne font que renforcer la souffrance. Il est essentiel de reconnaître que, parfois, la meilleure aide consiste à comprendre et à apprivoiser son fonctionnement, plutôt que de tenter de le changer à tout prix.